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LOUP ET LOUVE

Sur une verte colline, en face de l’aile du château habitée par les hommes, elle aperçut la forme d’un gigantesque loup qui, la voyant, se mit à geindre amoureusement.

La louve partit d’un clair éclat de rire et fit flotter au vent le pan de son voile, en guise de salut.

Le loup se dressa aussitôt sur ses jambes et lui fit galamment la révérence.

Le lendemain, après la messe, des fanfares de chasse retentirent gaîment dans la cour du château. La louve, accompagnée du comte de Foix et d’une suite brillante de seigneurs et de nobles dames, sortait pour faire la chasse au loup Peire Vidal. La cruelle Loba s’était décidée à soumettre son pauvre adorateur à la plus dure épreuve, en le faisant traquer par ses chiens, et à ne lui faire grâce que lorsqu’il se croirait perdu.

Le jongleur de Vidal ayant eu vent des intentions de la châtelaine peu d’instants avant le départ de celle-ci, accourut hors d’haleine annoncer à son maître réfugié dans la cabane de Privol, qu’on allait le chasser comme un vrai loup et le poursuivre avec des chiens.

— Oh je connais Loba, repartit Vidal, elle veut me mettre à l’épreuve. Mais elle a trouvé son