prit place au banc des accusateurs. Après elle, Peire Vidal, le troubadour, fit un salut respectueux et s’assit à ses côtés.
En dernier, parut Raimond de Miraval, le troubadour ; Il plia, en qualité d’accusé, un genou, devant les juges et alla seul prendre place au banc de droite. Personne d’autre ne comparut ce jour-là.
La belle Marguerite de Montaudon, qui présidait le tribunal, ouvrit la séance en donnant la parole à Éléonore de Cabestaing parlant au nom de l’accusatrice.
— Très haute et équitable cour d’amour, commença-t-elle, j’élève, au nom de la noble Loba de Penautier, une accusation des plus graves contre Raimond de Miraval, le troubadour. Celui-ci vint dans la demeure de ma cliente, fasciné par sa beauté et par son esprit, lui jurer amour et fidélité et la prier humblement d’agréer son service. Elle fut si clémente de lui accorder cette faveur. Pendant cinq ans entiers, il la servit et elle lui permit de demeurer auprès d’elle. Elle lui fut, en toutes circonstances, une suzeraine indulgente et débonnaire et alla si loin, dans sa condescendance, qu’elle lui accorda un baiser. Après cinq ans, le traître la quitta sans l’ombre d’une raison, et, depuis, rend