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LOUP ET LOUVE

Deux dames charmantes, les manches retroussées et tenant, chacune, à la main, une branche de roses abondamment garnie d’épines, s’avancèrent et commencèrent à le frapper. Chaque coup des jolies et odorantes verges imprimait une marque sur le dos du condamné, et bientôt son sang coula sous les mains de ses jolis bourreaux. La louve jubilait en assistant au châtiment de l’infidèle et fut déçue lorsque la présidente fit signe d’arrêter.

Marguerite, alors, se tournant vers Peire Vidal, lui demanda la cause de sa comparution.

— J’accuse Loba de Penautier, répondit-il.

La louve sourit et quitta fièrement le banc des accusateurs pour celui des accusés.

— Et que reprochez-vous à cette noble dame ?

Éléonore de Gabestaing s’empressa de répondre au nom de Vidal.

— Peire Vidal, dont le nom est connu de toute personne cultivant le chant et la poésie, commença-t-elle, aime la fière Loba de Penautier depuis de nombreuses années avec une inébranlable fidélité. Il rechercha ses faveurs au temps où, jeune fille, elle demeurait encore au château de son père, mais elle accorda sa main au seigneur de Gabaret.

» Sur ce, Peire Vidal parcourut le vaste monde,