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LOUP ET LOUVE

errant par toutes les contrées du Seigneur, dans l’espoir d’oublier Loba ; mais il n’y réussit point. Il revint, le cœur brûlant, comme il était parti, et se jeta aux pieds de la dédaigneuse, implorant d’elle la faveur de devenir son esclave. Loba accepta son service et décida de mettre son amour à l’épreuve, lui promettant, en cas de succès, le plus doux prix de l’amour.

» Sur son ordre, Peire Vidal se laissa coudre dans une peau de loup. La cruelle le fit poursuivre par sa meute et, lorsqu’il fut tombé à ses pieds, saignant par d’innombrables blessures, elle l’abandonna sans miséricorde à son sort. Cependant, loin de la maudire, Peire Vidal l’adore comme avant, prêt à donner sa vie pour elle à tout moment. En conséquence, je demande à la cour s’il a loyalement soutenu l’épreuve, si son amour et sa fidélité ne sont point libres de tout blâme et de toute tache, et s’il ne mérite pas le prix que Loba lui a assuré, et qu’elle lui refuse encore ?

— Vous n’avez rien à objecter, noble Loba ? demanda Marguerite.

— Rien, répondit la louve.

La cour délibéra pour la seconde fois, et la belle et équitable Marguerite prononça la sentence :