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UN NOUVEAU LÉANDRE

Dès la première nouvelle du singulier événement le maréchal de Boufflers accourut en personne. Il fit offrir au capitaine ses propres vêtements, lui fit donner du vin et des aliments. Dubois raconta alors son incroyable coup d’audace. De bruyantes acclamations accompagnèrent son récit. Les officiers le prirent sur leurs épaules et le portèrent, entourés d’une foule sans cesse grossissante, jusqu’à la demeure du maréchal où le héros put enfin prendre quelque repos.

Lorsqu’il se sentit suffisamment réconforté, le maréchal lui fit faire le tour des fortifications, ainsi que des travaux qu’on avait élevés derrière les brèches. Il prit une connaissance exacte de la situation des assiégés ; puis il se prépara par un sommeil de quelques heures, à son retour.

Le 15 septembre, à l’heure du crépuscule, il se remit en route, emportant dans sa bouche une lettre entourée de cire. Le maréchal et nombre d’officiers l’accompagnèrent à l’endroit où il avait opéré son atterrissement. Là, il se dévêtit et à nouveau se jeta à la nage. Cette fois encore, bien qu’il fût protégé par l’obscurité, il plongea aux passages dangereux et gagna heureusement l’endroit où il avait laissé ses habits.