quisses, alla lui-même les soumettre à son auguste Mécène. Le trésorier, chargé de lui fournir la matière pour ses travaux, prit l’artiste à part et lui dit d’un ton confidentiel :
— Le maître Jean Bologne a reçu du Roi l’ordre d’exécuter votre Colosse et toutes les belles commandes qui vous ont été faites, vous sont retirées pour lui être attribuées. C’est l’œuvre de la Marquise. Elle n’a attiré ce Bologne à la cour, que pour se venger de vous. Il me semble que votre compatriote agit bien mal à votre égard ; vous aviez obtenu ces commandes par l’art accompli de vos maquettes et par votre travail, et il vous les arrache grâce à la faveur de Mme d’Estampes. Le Roi ne voulait pas lui donner le travail, mais les intrigues de la Marquise ont prévalu.
Le sang naturellement chaud de Cellini, se mit aussitôt à bouillonner. Il prit congé en deux mots et partit à la recherche de son rival, décidé à ne pas laisser passer l’affront sans en tirer vengeance.
Il trouva Bologne dans son atelier.
— Que m’apportez-vous de bon, Cellini ? demanda le sculpteur avec un air de condescendance qui exaspéra le Florentin.