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BOVO

— Est-ce vous, Marguerite ? cria-t-il.

Au même instant sa voix s’étouffait dans sa gorge. L’encapuchonner par derrière avec le sac, le renverser et le faire glisser jusqu’au fond avait été, pour nos artistes, l’affaire d’un moment.

— C’est moi, Bovo, le revenant du château, dit Ascanio d’une voix caverneuse. Aucun homme n’ose passer à minuit le seuil de mon domaine. Tu vas expier sur-le-champ ton audace.

— Oh monsieur Bovo, gémit l’orfèvre d’une voix qui, elle aussi, semblait sortir des entrailles de la terre. Je n’avais point l’intention de vous offenser. Épargnez ma vie, monsieur Bovo, pour l’amour de Dieu !

— Pour cette fois, tu en seras quitte pour la peur et une volée de coups de bâton, répondit Ascanio, mais malheur à toi, si tu me provoques encore.

Les malicieux jeunes gens se mirent en devoir de masser le coupable avec le plat de leur épée, et tandis qu’il poussait les plus lamentables soupirs en invoquant tous les saints du paradis, sa fiancée avait de la peine à s’empêcher de rire tout haut.

— Que j’aimerais à le battre, souffla-t-elle, pour toutes les larmes qu’il m’a coûtées.