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LE PALAIS ROUGE

Pierre III et commande la mort de son fils, déclara Orloff avec calme.

— Horrible ! s’écria Argamakoff. Ne suffit-il point de lui ôter le pouvoir ?

— Il ne le perdra qu’avec la vie, répliqua Valérien Orloff.

— C’est un tyran dans le genre de Néron et d’Iwan le terrible, ajouta le prince Wernitckoï, on peut s’attendre à tout avec lui.

— Personne ne doute plus qu’il ne soit fou, remarqua Whitworth ; or, les fous, on les enferme. Il suffirait de s’assurer de sa personne, après l’avoir forcé d’abdiquer.

— Et vous tenez pour certain, Excellence, qu’il ait l’esprit troublé ? interrogea Argamakoff, qui commençait à entrevoir avec effroi les suites de sa démarche irréfléchie.

— Comment expliquer ses passages subits d’une opinion et d’un sentiment au sentiment et à l’opinion contraire ? fit lord Whitworth. Lors de son avènement, il commença par renverser tout ce que sa mère avait édifié. C’était compréhensible, Catherine l’avait maltraité. Mais en un point, il était son fils et son héritier, en sa haine pour la France et la République. En s’unissant à la