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Page:Sacher-Masoch - La Pantoufle de Sapho et autres contes, 1907.djvu/406

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LE PALAIS ROUGE

le signe convenu avec le Czar ; en apparence pour le plaisir de bavarder, mais, en réalité, sur le désir même de sa nièce et afin que le bruit en parvînt le plus vite possible aux oreilles d’Argamakoff.

Lui, aussi, avait immédiatement vu les gants. Il avait pâli, puis, se maîtrisant, était allé droit au comte Pahlen pour lui dire de compter sur lui jusqu’au bout. Pendant ce temps, l’Empereur s’entretenait avec Axinia, de la manière la plus innocente du monde.

En prenant congé, il dit :

— Le rouge est, à partir de ce soir, la couleur de l’espérance. En souvenir de cette heure, je ferai peindre en rouge mon nouveau palais, qui s’appellera le palais rouge.

La Princesse le regarda avec étonnement. Elle eut de la peine à réprimer un sourire.

Effectivement, le lendemain, de nombreux ouvriers commencèrent à dresser des échafaudages et à badigeonner de rouge le palais qu’on venait d’édifier en face du jardin d’été et qui était entouré d’un fossé rempli d’eau.

Pendant que l’Empereur s’amusait à ce jeu innocent, les conjurés se réunissaient dans la demeure du comte Pahlen. Ils ne se sentaient plus en sécu-