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LE PALAIS ROUGE

lui avait pas vue depuis longtemps. De temps à autre seulement, il fixait le prince héritier, avec une expression singulière. À dix heures, il se retira.

Une demi-heure plus tard presque toutes les lumières étaient éteintes au palais.

À onze heures, une vingtaine de conjurés s’en approchèrent, tous armés et rendus complètement méconnaissables par leurs manteaux.

La sentinelle qui faisait la garde à la porte d’entrée, les interpella :

— Qui va là ?

Croisant la baïonnette, il refusait de les laisser passer. Mais, voyant Argamakoff s’avancer et sur sa déclaration qu’ils venaient sur l’ordre exprès de l’Empereur, le soldat s’effaça devant le groupe suspect.

Ils montèrent sans bruit les marches de l’escalier, traversèrent le couloir et s’arrêtèrent devant les appartements du Czar. Argamakoff pénétra seul dans l’antichambre où un garde veillait.

— Qui va là ?

— Ami.

Le cosaque, reconnaissant l’adjudant de l’Empereur, le laissa entrer ; mais le voyant se diriger vers la chambre à coucher de Paul Ier, il le retint.