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EAU DE JOUVENCE

autre chose encore, un je ne sais quoi d’indéfinissable et de troublant. La jeune femme ne favorisa les quatre amis d’aucun autre signe d’attention, et lorsqu’ils se placèrent sur son chemin pour la saluer à la sortie de l’église, elle les remercia d’une légère inclinaison de la tête avant de monter dans sa chaise à porteurs. Emmerich eut alors l’occasion d’admirer sa grâce et sa taille royale, sa démarche fière et assurée.

— Stahremberg, commença-t-il aussitôt que la chaise eut disparu dans le remous de la foule, il faut que je connaisse cette femme, à n’importe quel prix.

— Quelle soudaine audace ! railla Czernin, d’abord, il n’ose même pas émettre un jugement sur les femmes, et voici qu’il se sent le courage d’aborder la plus dangereuse de toutes.

— Tentez votre fortune auprès de la belle et riche veuve, monsieur Kemen, intervint Stahremberg, c’est de grand cœur que je vous introduirai auprès d’elle.

— La Comtesse est veuve ? balbutia Emmerich que la joie avait rendu pâle.

— Voilà ce que j’appelle prendre feu ! fit Czernin en riant. Il est capable, ma foi, de demander sa main…