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EAU DE JOUVENCE

— Et qu’y aurait-t-il de risible ? demanda gravement l’Italien.

— Oh, pas grand chose, sinon que la Nadasdy est au moins deux fois aussi âgée que notre ami, répondit le Bohême.

— La Nasdady ?… bégaya Emmerich.

— A, sans exagération, au minimum cinquante ans, compléta Stahremberg.

— Cet ange, qui paraît une fillette de 20 ans ? s’écria Maffei. C’est impossible.

— Et pourtant cela est, affirma Czernin. Le temps a passé sur elle sans laisser de traces.

— Une femme a toujours l’âge qu’elle paraît, décida Emmerich. La Comtesse peut se mesurer à n’importe quelle jeunesse à peine éclose, aucune ne lui disputera le prix.

— Assurément non, dit Stahremberg, aussi cette éternelle jouvence me la rend-elle inquiétante.

Ce n’est pas naturel, il doit y avoir de la magie et du sortilège, sinon pis.

— Que voulez-vous dire ? s’écrièrent les trois amis.

— Parmi le peuple, sévit la croyance qu’en se baignant dans du sang humain, on peut se conserver une jeunesse et une beauté éternelles, expliqua