Page:Sacher-Masoch - La Pantoufle de Sapho et autres contes, 1907.djvu/97

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
94
EAU DE JOUVENCE

brillante, à laquelle elle avait convié toute la noblesse des environs. La splendeur des salles et la somptuosité des costumes rappelaient tout le luxe de la capitale. Parmi les demoiselles qui formaient comme une cour d’honneur à la châtelaine et prenaient part aux danses et aux festins, Emmerich remarqua une fillette à peine âgée de seize ans, qui le frappa par sa grâce et son air de candeur. Son nom était Giselle Kery. Elle était originaire du Sud de la Hongrie, dont le noble type évoque les traits classiques de la Grèce et de Rome, et elle ne tarda pas à distinguer le joli cavalier, sur qui son regard se posa avec une étrange et presque triste sympathie. Emmerich l’invita à danser, et comme leurs mains se touchaient, que le regard sombre et rêveur de la jeune fille s’attachait avec ivresse sur le sien, lorsque la virginale contrainte se dissipant, des paroles mélodieuses s’échappèrent des lèvres de la jeune fille, il eut la révélation soudaine qu’il y avait d’autres femmes encore que la Comtesse, des femmes plus douces, plus sûres. Le monde caché et profond du mystérieux cœur féminin s’ouvrit à lui. Il sentit que Giselle l’aimait, de toute l’ardeur d’une âme bonne et d’un cœur