pur, et que, lui aussi, ne pouvait s’empêcher de l’aimer, malgré lui. Ils se comprirent sans se faire d’aveux, dansèrent, et causèrent ensemble presque toute la nuit, si bien que la Comtesse le remarqua avec inquiétude. Elle n’était pas femme à souffrir une rivale auprès d’elle. La jalousie s’empara de son âme orgueilleuse, ainsi que la haine pour la malheureuse enfant qui, sans le Savoir, empiétait sur son domaine. Mais elle se domina, et quand Emmerich se trouva auprès d’elle, Elisabeth plaisanta ingénument avec lui, comme si nul aiguillon n’avait blessé son cœur ombrageux.
Au milieu des conversations et des danses, on perçut le bruit de voix venant du dehors et un valet apporta la nouvelle qu’un dangereux braconnier qui, depuis des années, échappait aux recherches, venait d’être capturé.
— Voilà qui tombe bien, s’écria la Nadasdy, les yeux brillants de joie. Mes très chers hôtes, je me trouve dans le cas de vous offrir un nouveau plaisir pour demain.
Giselle, en entendant ces mots, s’était mise à trembler, Emmerich lui demanda ce qui l’émouvait. Elle répondit à voix basse :
— Le sort du malheureux qu’on a fait prisonnier.