mis le feu. On voudrait s’en ouvrir à quelqu’un, vider son cœur : on va chez sa femme, elle est occupée du petit, qui pleurniche parce que les mouches le tourmentent.
Je sors de la maison. Une lueur rouge s’est élevée à l’horizon ; un paysan passe à cheval, jette dans la cour ce cri : révolution ! et pique son bidet efflanqué. Dans le village, on sonne le tocsin. Un paysan cloue sa faux droite sur le manche, deux autres arrivent avec leurs fléaux sur l’épaule. Plusieurs entrent dans la cour. — Monsieur, prenons garde, les Polonais arrivent. — Je charge mes pistolets, je fais affiler mon sabre. — Ma femme, donne-moi un ruban pour le coudre à mon bonnet, un chiffon quelconque, pourvu qu’il soit jaune et noir. — Va-t’en, va-t’en, me répond-elle, tu sais bien que le petit pleure, on me le fait mourir ; cours au village, défends-leur de sonner, va-t’en ! — Ah ! pour le coup, je veux faire sonner le tocsin dans toutes les campagnes. Qu’il pleure, le poupard ! le pays est en danger. — Ah ! monsieur…
Enfin un jour, elle est donc assise près de moi sur le divan, j’ai passé mon bras autour de sa taille, je lui parle doucement. Elle écoute si l’enfant ne remue pas. — Qu’est-ce que tu as dit ? me demande-t-elle d’un ton distrait. — Oh ! rien. — Je vois que je perds ma peine, je m’en vais triste, découragé.
— Où est donc ta kazabaïka, ma petite Nicolaïa ?
— Est-ce que je vais m’habiller pour la maison ? L’enfant ne me reconnaîtrait plus ; tu devrais comprendre cela.