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du stupre, que sont ces éphémères voluptés, ces comédies dérisoires à côté de ce que nos âmes inquiètes, inassouvissables, chercheuses de Slaves ont trouvé, de ces jouissances que nous offrent là-bas les raffinés pour qui la Femme — la vierge — est l’idole souveraine, de ces véritables supplices auxquels ceux-là se condamnent, s’abandonnent pour affirmer leur soumission, pour témoigner leur ferveur ! »

Elle eut dans ses claires prunelles bleues comme de radieuses passées de souvenirs et plus lentement, ainsi que pour nous enfoncer une à une ses paroles dans le cerveau et les y incruster à jamais, reprit :

« Vous avez lu quelquefois peut-être à la quatrième page des grands journaux hongrois ou russes d’énigmatiques annonces qui étaient libellées ainsi : « JEUNE FILLE JOLIE, batteuse », puis une adresse quelconque. Cela signifiait que mademoiselle X… ou Y… est affiliée à notre secte, prête si l’homme qui lui écrira, qui l’implorera, vient au rendez-vous aussitôt accepté, l’intéresse, lui plaît, à devenir l’amie qui le dominera, qui lui donnera le délice de souffrir, le rêve du ciel, qui le rendra pareil à ces Saints dont la chair se purifiait en d’incessantes macérations, qui le flagellera avec la frénésie d’un bourreau qui s’acharne sur sa victime.