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plus noble du monde auquel des cheveux blonds comme l’or et de fraîches couleurs imprimaient un charme fascinateur. Le prince fut pris en un clin d’œil, en proie à une émotion croissante, il suivit chacun des mouvements de la charmeresse, chacune de ses performances. Son cœur tressaillit, lorsqu’elle plaça son adorable tête entre les terribles mâchoires du lion, comme aussi poussa-t-il un soupir de soulagement lorsque la belle dompteuse, s’étant relevée, se mit à apostropher rudement le fauve, tout en le foulant aux pieds et en le rouant de coups de fouet.

La Suédoise avait à peine quitté la cage, qu’elle aperçut, l’attendant, et droit posé devant elle, le prince Maniasko — lentement, elle s’enveloppa de sa fourrure qu’Edgard, le superbe héritier des Harsberg, lui tendait, tandis qu’elle laissait tomber ses grands yeux bleus étonnés, presque effrayés, sur le visage idéal et charmeur de ce nouvel adorateur. — Elle n’accueillit pas ses déclarations de l’air froid et hautain qui lui était habituel ; elle parut au contraire embarrassée et lui adressa un sourire indicible.

Soir après soir, la ménagerie reçut dès lors la visite du prince. Aussitôt qu’Irma pénétrait dans la cage des fauves, non seulement lui adressait-elle du regard le plus aimable des