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accueils, mais elle ne cessait, — autant que ses exercices le lui permettaient, — de lui lancer des coups d’œil, désireuse qu’elle était de s’assurer de sa présence, et, la séance terminée, trépignait d’impatience s’il n’était pas là pour lui passer sa fourrure. Mais tout se bornait là.

C’était là tout ce qu’obtenait le prince et ses plus ardentes sollicitations ne rencontraient aucun autre encouragement, en sorte qu’il fut bientôt envahi du désir enragé de posséder à soi tout seul cette femme étrange.

Sur ces entrefaites, un rival lui vint inopinément en aide : Un certain soir, avant qu’Irma ne pénétrât dans la cage, Edgard lui dit d’une voix frémissante : « J’avais jusqu’ici pensé que tu étais la fille bien-aimée de mon père, — puis, avec un soupir, il ajouta : mais maintenant je te dis que je t’aime et que jamais je ne supporterai que tu cèdes aux obsessions de ce boyard qui, déjà fiancé à une princesse, ne cherche qu’à se jouer de toi ! »

— Lorsqu’après la représentation, le prince vint chercher la Suédoise, celle-ci lui dit à brûle-pourpoint : « Est-il vrai que vous avez une fiancée ? »

— C’est vrai, répondit le prince, mais, si vous le désirez, ce roman assommant sera bientôt terminé, et, comme votre esclave, vous me verrez à vos pieds ! »