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Page:Sacher-Masoch - Les Batteuses d’hommes, 1906.djvu/70

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par son service à la résidence, la baronne reçut Maximilien pour causer avec lui de la dernière exposition, de livres récemment parus, de pièces nouvelles et, enfin, lui accorder les doux plaisirs de l’amour.

Tout à coup, la porte s’ouvrit violemment, et le beau hussard pénétra dans la petite chambre ; il resta comme pétrifié au spectacle qui s’offrit à sa vue, et sur la nature duquel il ne pouvait se méprendre.

La baronne poussa un cri de terreur et chercha à réparer tant bien que mal le désordre de sa toilette. Les deux hommes demeurèrent face à face, se mesurant du regard. Quel contraste, en effet, entre cet artiste au teint blême, aux longues boucles blondes, à la taille élancée, drapé dans une sorte de talar[1] noir et ce hussard plein de vigueur et de force, la cravache en main, sanglé dans son blanc pantalon de cheval, chaussé de bottes noires, vêtu d’un court dolman bleu-clair garni de martre et orné d’aiguillettes d’or. Malgré tout, ces deux êtres se reconnurent pour deux adversaires et une haine réciproque gonfla leur cœur.

— Surtout pas de scène, pas de scandale, je vous le demande en grâce, dit la baronne revenue de sa surprise et de sa frayeur.

  1. Sorte de longue lévite hongroise.