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Il était tard lorsque Martscha rentra. La porte de la basse-cour était fermée. Elle congédia Pista qui l’avait accompagnée, escalada la clôture et disparut bientôt dans l’intérieur du château voilé d’arbres et de broussailles.

Quelques instants après, lorsqu’elle apparut à la fenêtre ouverte de sa chambre, et que la lune se mit à déverser sur elle sa douce lumière argentée, il lui sembla que quelque chose se mouvait devant elle sur le sombre gazon.

— C’est-toi, Pista ? demanda-t-elle.

Pas de réponse.

— Qui est là ? s’écria-t-elle. Parle ou je déchaîne les chiens.

Alors se dressa une haute apparition vêtue de toile blanche.

— C’est toi ! murmura Martscha, que me veux-tu ? Ne sais-tu pas que j’appartiens à un autre ?

— Je veux te parler, répondit Sandor, avant de continuer ma route à travers la sauvage forêt de Bakony.

— Qu’as-tu à me dire ?

— Que tu est la plus belle fille que j’aie jamais vue, et qu’avec ton premier regard tu as conquis mon cœur.

Avant que Martscha eût pu répondre, on entendit un craquement de branches. C’était Pista qui sortait d’un buisson voisin.