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TROIS JEUNES SAGES ET UN VIEUX FOU

lequel on ne distinguait çà et là que des notes aiguës semblables à des voix de furies ou à celle de la trompette du jugement dernier.

— Voilà de la vraie folie en musique ! observa Wolfgang.

— On dit qu’effectivement le maître de ce palais est fou, répondit Plant.

— Je ne sais s’il est fou ou non, murmura Andor, mais, pour moi, son jeu a quelque chose qui m’attire, me charme prodigieusement. Il doit être bien malheureux.

— Oh ! toi, fit Plant d’un air moqueur, tu es toujours attiré par tout ce qui te sort du grand chemin de la sagesse humaine ; plus ce tout est fou, mieux cela te va. Mais continuons à marcher.

— On raconte des choses étranges du comte, dit Andor, chemin faisant.

— Le comte Riva doit être fabuleusement riche, mais au lieu d’avoir équipage, loge à l’Opéra, au lieu de protéger une danseuse ou n’importe quelle fille d’Ève, il s’enferme dans son palais comme un blaireau dans son terrier ; il fuit les hommes, fait de la musique ou erre dans les rues, à la manière du neveu de Rameau.

— Ce qui ne manque pas complétement d’intérêt, s’écria Wolfgang.

— Tu trouves ? — riposta Plant. — Moi je dis