que c’est stupide tout simplement ; du reste, sa façon de vivre en entier est bien celle d’un fou.
— Comment cela ? Parle, puisque tu sais.
— Personne dans la ville n’ignore de quelle manière il vit chez lui, dans son palais qui est fermé comme un cercueil, où personne n’a jamais pénétré, pas même la haute police prussienne, si prompte cependant à s’introduire partout, dans sa sollicitude pour le bien-être des sujets allemands. Quand il se montre dans les rues, il ressemble à une carte de l’Allemagne avec ses vêtements bigarrés, usés. En outre, chaque année il quitte la ville, dans quel but ? nul ne le sait ; mettons donc que c’est pour entreprendre un voyage. Dans cette circonstance, un vieux domestique à figure jaune, ayant l’air d’une momie, l’accompagne jusqu’à la gare avec un gros paquet. Le comte monte dans un coupé, ôte ses guenilles, dont son serviteur s’empare comme d’une dépouille royale et s’habille de la façon la plus élégante. À son retour, le domestique qui l’attend sur la plate-forme lui rend les vêtements habituels et le fou rentre dans son palais vêtu comme un gueux et à pied.
Tout en causant, les trois jeunes gens avaient tourné le coin d’une large et belle rue. Presque aussitôt, ils entraient dans un petit café où chaque