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UN BAL CHEZ LES ROSENZWEIG

autres femmes. On eût dit une fée venant, faite de parfums de fleurs, vêtue de rayons de la lune, parmi les princesses de la terre.

— Enfin, vous voici, s’écria-t-elle en apercevant Andor. Je ne vous ai pas vu danser. Où étiez-vous ?

— Je n’ai pas dansé ! Je vous ai cherchée sans jamais pouvoir arriver jusqu’à vous.

— Grand Dieu ! comme vous voilà fait !

L’exclamation fit perdre contenance à Andor. Il entrevit vaguement que Micheline et Oldershausen lui faisaient vis-à-vis, puis sa vue se troubla. Il marcha sur la robe de la baronne Julie, s’excusa avec force supplications, jurant que chose pareille ne lui arriverait plus et, pour appuyer ce serment, s’empressa de mettre son pied sur la pointe de celui du ministre Kronstein qui se tenait derrière lui. Nouvelles excuses ; le quadrille est en désarroi. Chacun critique, se moque et l’on finit ainsi par s’apercevoir de la diabolique coiffure d’Andor. Il devient alors le point de mire de tous les regards.

Hanna sent qu’on se rit de son danseur ; son amour-propre de femme en est froissé ; elle ne donne plus la main à Andor qu’à contre-cœur. Le quadrille fini, elle le laisse seul.

Le docteur est anéanti, mais il veut affecter de