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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

Il n’y manquait pas même le petit chien au poil soyeux, au tremblement nerveux, que les habitués bourrent de sucre, dans chaque café.

Qu’était-ce donc qui attirait chaque jour ces jeunes gens à la même place désagréable ? Étaient-ce les jolies têtes de jeunes filles qui apparaissaient en ce moment, vis-à-vis, à une fenêtre du premier étage d’une vilaine maison ayant l’air d’une caserne, derrière des tulipes rayées jaune-rouge et des jacinthes ?

On aurait très-bien pu le supposer, en voyant Plant souffler maintenant contre la vitre et y effacer avec sa manche les fleurs cristallines, pendant que les jeunes filles, de l’autre côté, riaient sans gêne et sans motif, comme les jeunes filles ont coutume de rire.

Et la supposition eût été fondée ; c’était là le charme qui attirait les trois jeunes gens dans ce café et qui les avait liés, malgré la grande différence entre leurs trois natures.

Andor, un savant, un docteur en philosophie, titre qui fait sourire les gens d’aujourd’hui, donnait, à l’Université, des leçons particulières d’histoire. D’un lettré comme lui, tant au physique qu’au moral, on n’a jamais eu d’idée en Allemagne.

Il était grand et fort, à un tel point que du