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TROIS JEUNES SAGES ET UN VIEUX FOU

temps de Frédéric-Guillaume Ier, il aurait eu à se garer des enrôleurs prussiens. Le casque en tête il eût réellement fait bonne figure à Charlottenburg, parmi les grenadiers de la garde du corps.

La différence entre le jeune docteur et ces hommes géants était que ceux-ci avaient appris, sous le bâton du caporal, à tirer parti de leurs avantages physiques, tandis qu’Andor ne savait que faire de ses membres.

Chez lui, devant ses manuscrits, ses livres, il se trouvait à l’aise, il se sentait un homme, il ne redoutait rien ; mais, hors de son cabinet d’étude, il avait toujours peur que ses jambes ou ses mains ne vinssent lui jouer quelque méchant tour. Il détestait tout ce qui était élégance, toilette, non par principe, cela lui plaisait chez les autres ; mais il craignait tout simplement, sachant qu’une cravate neuve pouvait influer sur sa manière d’être, de se ménager des embarras en sacrifiant aux grâces.

Ce manque d’égards envers lui-même ne l’empêchait pas toutefois d’être ce qu’on appelle un bel homme ; sa figure respirait la virilité, l’esprit, quoiqu’il ne portât ni barbe ni lunettes. Ses cheveux châtains n’étaient pas trop longs, et dans ses yeux brillaient l’intelligence, la bonté.

Plant, le moqueur, différait d’Andor essentiel-