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LE PREMIER PAS VERS LE MILLION

tu as encore l’habit noir que je t’ai prêté, jadis ; comment oses-tu venir m’en demander un autre ?

— Je comprends que tu te méfies, dit Plant faisant face au danger. Je t’ai donné lieu de me croire un vaurien.

— Ce n’est pas cela.

— Oui, oui, je suis un vagabond, j’ai très-mal agi ; en tant que morale, les Bohémiens valent mieux que moi. Tu as raison de penser cela de ton camarade ; mais songe dans quelle fâcheuse position je me trouvais. Maintenant une belle occasion s’offre à moi ; tu peux me mettre à même d’en profiter ; tu peux me sauver. Si tu ne m’aides à devenir un homme rangé, je me dérangerai plus encore. Où veux-tu que je trouve un habit d’ici à demain midi ?

Le clerc se blâme lui-même vivement ; c’est le plus sûr moyen de désarmer les autres. Andor est touché.

— Ne me rends pas mauvais, ajoute Plant forçant son ton habituel de plaisanterie, ou bien je ne te prête jamais plus d’argent.

Cinq minutes plus tard, le clerc quittait la petite maison du vieux temps portant sous son bras en un gros paquet le nouvel habit noir d’Andor ; et, chose merveilleuse, il ne se moquait pas de son ami ; non, il était étonné d’avoir réussi auprès de