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UN HEUREUX DÉBUT

Les arbustes qui entouraient Marie et qui, comme poussés par la curiosité, allongeaient vers elle leurs tiges flexibles, portaient de petits minets ayant l’air de se hérisser de froid et de longues houppes se balançant doucement en mesure. Des papillons jaunes, aux ailes diaprées, voltigeaient dans l’espace et parmi eux un magnifique papillon tête de mort.

Autour de la jeune fille se dressaient des euphorbes vert jaune, des violettes odorantes et des pâquerettes ressemblant à la blanche lampe dans laquelle brûlent trois cierges jaunes. L’ombre des branches, au-dessus de sa tête se dessinait sur la terre en grillage sombre ; devant elle la colline s’étendait en pente douce, et bien qu’un merle sifflât et qu’un autre lui répondit, bien qu’un murmure continuel se fît entendre partout et que là-haut, invisible dans l’air, une alouette chantât, il lui semblait qu’un profond silence l’entourait et que ce silence lui faisait du bien.

Elle oubliait le passé ; elle ne songeait pas non plus à l’avenir ; elle regardait avec plaisir chaque coin de verdure, les couleurs brillantes qui commençaient à orner le manteau d’été de la terre, chaque scarabée suspendu à l’extrémité d’une tige.

Longtemps elle resta ainsi assise.

Quand elle se décida à poursuivre sa route, elle se sentait mieux, plus résolue.