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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

Bientôt paraissait le comte, soigneusement vêtu, en habit noir élégant, à la dernière mode. Il portait une cravate blanche et il était bien frisé. Le vieux domestique qui le suivait mit un flacon, des verres, près du lit de repos en velours et s’éloigna.

— Je ne vous offre pas à souper, mon ami, — dit le maître de la maison. — Dans votre situation d’esprit, on ne peut pas manger ; mais buvez, buvez ; le vin rend le cœur libre. Étendez-vous là, si cela vous plaît ; sinon, faites ce que vous voudrez. Je vais jouer du piano ; peut-être la musique vous calmera-t-elle.

Il passa derrière le rideau de verdure et, dans la demi-obscurité, s’assit au piano.

Le flambeau avait été placé sur un guéridon, dans un coin, et les reflets de la lumière zigzaguaient, brillants sur le sol, à travers les aiguilles vertes des arbres.

— J’ai disposé ainsi cette pièce, dit le comte, parce que j’aime par-dessus tout la verdure des arbres, le bruit de l’eau qui tombe. Je pourrais trouver tout cela et bien mieux dans la forêt ; mais il ne m’est pas possible d’y transporter mon piano. Voilà ma raison. Puis l’arôme des arbres à aiguilles est si bon pour la poitrine et les nerfs !