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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

— Je vous guérirai, entendez-vous ; je vous guérirai complétement.

Il se leva et vint au docteur qu’il saisit par un bouton de la redingote.

— Ayez confiance en ma méthode, ajouta-t-il. Vous perdez votre bien-aimée uniquement parce que vous n’avez pas de position vous assurant une existence sans soucis. Cette même perte pourrait se renouveler un jour ; coupez le mal à sa racine. Pourquoi n’avez-vous pas de position ? Parce que vous n’êtes pas pratique. Remarquez bien que je dis : vous n’êtes pas pratique ; il y a pour moi une grande différence entre matérialiste et pratique. On peut être pratique tout en poursuivant un but idéal ; on devrait même l’être davantage, parce que c’est le seul moyen d’arriver à son but, élevé ou non. Vous êtes un homme de science, c’est très-bien. Je n’ai rien à dire à cela ; mais je vous blâme de ne pas rendre votre science applicable, utile à la vie. C’est là, du reste, un défaut commun à tous les savants allemands. En voulez-vous un exemple ? Qui a appliqué, fait connaître les recherches, les idées de David Strauss ? Renan, un Français, et Renan est lu dans le monde entier, tandis que Strauss n’est connu que d’un petit nombre de lettrés. Mais il est quelqu’un qui vous expliquera cela beaucoup mieux que moi. Con-