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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

La femme de charge rendit à mademoiselle Teschenberg l’inestimable service de glisser dans l’oreille de son maître que la gouvernante entretenait une correspondance très-suivie avec un jeune homme de la ville.

— Il doit y avoir une amourette là-dessous, ajouta madame Brenner. Dès le lendemain de son arrivée, le matin, je l’ai surprise à écrire sur sa commode.

Le ciel, qui n’abandonne jamais une brave fille, comme on sait, fit éclater le même soir, et fort à propos, un orage effrayant.

Aux premiers grondements du tonnerre accompagnés de grosses gouttes, mademoiselle Teschenberg quitta le parc avec la petite Clarisse et se réfugia dans la salle à manger. Le général les suivit pour s’assurer que les fenêtres étaient bien fermées.

Une fois tranquille sur ce point, il se posta, les mains croisées derrière le dos, devant la porte vitrée menant au jardin, où il semblait jouir de la violence de l’orage secouant les arbres, arrachant les feuilles, les fleurs, les fruits, et emportant le tout en un tourbillon sur la place sablée du manége.

Clarisse tremblait et s’attachait à sa gouvernante ; à chaque éclair sillonnant le ciel, elle cachait sa