Page:Sacher-Masoch - Les Prussiens d’aujourd’hui, 1877.djvu/339

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
329
LA COUPE DE L’ARC-EN-CIEL

tête sous le bras d’Hanna, ainsi qu’un oiseau qui cherche protection sous l’aile maternelle.

— N’aie pas peur, mon enfant, dit le père ; nous avons deux paratonnerres sur la maison, un autre sur l’église du village, un quatrième sur la cure.

— Oh ! j’ai peur tout de même, dit la fillette.

— C’est nerveux, monsieur le général, observa Hanna.

— Tout n’est plus que nerfs aujourd’hui ! s’écria le général. L’amour lui-même devient une maladie nerveuse. N’avez-vous pas remarqué que, dans ces derniers temps, j’ai commencé, moi aussi, à être nerveux ? Mais cela changera.

« Je l’espère bien, » songea mademoiselle Teschenberg. La bonne femme lui avait rendu un véritable service.

Elle trouva bon de garder le silence, de rester là assise, sa jolie tête légèrement baissée vers Clarisse, les lèvres assez entr’ouvertes pour laisser voir ses dents superbes, les yeux suivant sans crainte les éclairs qui zigzaguaient en dehors, comme des serpents de feu, à travers le sombre feuillage des arbres ou bien au ras du sol.

Quand le tonnerre ébranlait la maison, faisait trembler les vitres, elle ne sourcillait pas. Tandis que le général la regardait à la dérobée, la lueur