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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

bien élevées, à la mode d’aujourd’hui, et par cela seul étonnamment pratiques.

Non qu’elles eussent appris à gouverner un intérieur en habiles ménagères, ou à gagner leur pain, en cas de besoin, ou que, comme des femmes russes affolées d’émancipation, elles fussent versées dans les sciences ; les trois amies n’avaient pas eu permission de devenir bourgeoises à ce point, ou savantes jusque-là. Elles avaient été élevées d’une façon pratique, et, de nos jours, par façon pratique, ce n’est pas le travail ou la science qu’on entend, c’est seulement le calcul.

Nos trois jeunes filles modèles avaient donc été dressées au calcul par leurs parents modèles. Il ne faut pas croire qu’il s’agisse ici de calcul de Bourse ; il s’agit tout uniment de calcul d’amour. En vue de charmer les sens plutôt que les cœurs, en vue de la conquête des sacs d’argent, on les avait rendues très-expertes dans l’art d’être aimables ou mieux encore de se faire adorer. On leur avait surtout enseigné à faire valoir le plus possible les dons qu’elles tenaient de la nature, en mettant bien en relief leur corps et leur esprit, et au besoin à compléter par l’artifice ce qui pouvait leur manquer.

Aussi avaient-elles soin, toutes trois, de porter une tournure de Paris.