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PETITES AFFAIRES

ne respecte que celui qui arrive à la puissance, à la fortune, sans lui demander de quelle façon il y est parvenu. Ce n’est qu’en cas d’échec que les hommes nous condamnent, que nous nous condamnons nous-mêmes, et alors vient le châtiment moral.

— Je te plains, Plant, répondit Andor. Comme tous les hommes à demi instruits, cultivés de notre temps, tu fais fausse route. Tout ce qui est entre l’ignorance ou la science complète n’engendre que le mal.

— Mais il me semble que j’ai lu mon Schiller, mon Gœthe, mon Shakespeare aussi bien que toi, fit Plant avec irritation. Moi aussi je suis de ce peuple de penseurs dont le savoir vient de remporter de si décisives victoires sur l’ignorance.

— Nos victoires n’ont rien à faire avec notre culture intellectuelle. Nous ne les devons pas à l’aptitude scientifique de nos généraux, mais à l’obéissance, à la discipline de nos soldats. Enfin, comme tous les gens demi-instruits, tu sors de la question.

— Dis tout de suite que je suis un imbécile, un barbare ignorant.

— Je t’ai déjà dit ce que tu es, un demi-savant, comme vous tous, les hommes du fait accompli, les idéalistes du succès. Vous vous targuez de la phi-