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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

qu’un limon fertile donnant bientôt une nouvelle et magnifique moisson.

— J’avoue, fit Plant avec cette ironie qui est pour nos sots modernes ce qu’est pour les cocottes l’art de se décolleter, j’avoue que je ne suis pas assez savant pour comprendre cela.

— Je le crois aisément, répliqua Andor, avec un grand sérieux ; mes paroles s’adressaient aux chefs de l’école de la philosophie des faits et du matérialisme, et dans cette armée tu n’es ni général, ni soldat régulier ; tu n’es que simple franc-tireur. Les chefs de ce mouvement ont appris et travaillé beaucoup, je ne le nie pas ; mais toi tu suis le corps de troupes, en pandour, à cause du butin. Tu n’adoptes pas le principe parce qu’il est conforme à tes idées mais bien parce qu’il répond agréablement aux traits égoïstes de ta nature. Tu n’es, d’ailleurs, pas capable de juger si la loi à laquelle tu te soumets a une base scientifique suffisante ; en réalité tu as étudié très-peu.

— Naturellement, fit Plant en riant. Tu m’as déjà dit que j’étais un homme sans instruction.

— Tu l’es en effet, reprit Andor, et de l’avis même de tes maîtres. Ils soutiennent non sans raison qu’aujourd’hui on ne peut être compté parmi les gens instruits qu’à condition d’être initié aux sciences naturelles, et en cette matière tu es un