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PETITES AFFAIRES

grand ignorant. De mon côté, je ne puis mettre ait rang des gens instruits ceux qui n’ont reçu que ce que l’on appelle l’instruction littéraire et c’est à peu près le cas général. Le vrai savant, l’homme complet, c’est à mon sens celui qui connaît à la fois les sciences naturelles, l’histoire et les belles-lettres ; et encore cette culture générale ne me paraît être que le premier degré indispensable de cette autre culture plus importante à mes yeux, qui consiste à savoir quelque chose d’utile, d’usuel, à produire en un mot. La caractéristique de cette vraie culture, c’est le travail.

En se contentant d’être un bel esprit, l’Européen du dix-huitième siècle était dans son droit, puisque la littérature française de cette époque, Voltaire en tête, passait pour le miroir du temps, de ses tendances, de son savoir.

Notre littérature n’a jamais été cela, maintenant moins que jamais. Elle n’est pas même l’image de la vie réelle, telle que nous l’offrent les romans anglais et russes, où l’on peut trouver d’excellentes leçons pratiques. Notre littérature ne produit guère que des peintures de fantaisie, qu’elle s’inspire de l’idéal comme chez Gutzkow, ou du réel comme chez Spielhagen. Elle n’est donc d’aucune utilité pour l’éducation du cœur et de l’esprit aussi bien que pour la connaissance des grandes