Page:Sacher-Masoch - Les Prussiens d’aujourd’hui, 1877.djvu/387

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
377
BIEN CALCULÉ

vent. Hanna versa quelques larmes ; le général fit preuve de stoïcisme.

En revenant du cimetière où mademoiselle Mardefeld avait été enterrée dans le caveau de famille à côté de sa mère, Hanna rompit la première le silence, qui avait duré jusque-là, entre elle et le général. Elle connaissait ses avantages et tenait à en profiter.

— Ma mission ici est accomplie, monsieur le général, dit-elle d’un ton calme, où perçait un peu de tristesse. Je vous prierai donc de me laisser partir le plus tôt possible. Chaque heure de plus que je passe dans cette maison peut mettre ma réputation en grand danger. Vous savez combien le monde est porté à…

— Et que m’importe le monde ! fit le général, n’y tenant plus. Je ne saurais vivre sans vous. Si vous étiez seulement raisonnable, au lieu de…

Hanna le regarda et, pour la première fois, son regard était encourageant.

— Il faut que je parle, à la fin, s’écria le général tirant son épée et abattant les chardons qui bordaient le chemin. Eh bien oui, je vous aime ! Trouvez-moi ridicule ; moquez-vous de moi, cela m’est égal ; cela vaudra toujours mieux que ce doute, cette incertitude. Hanna, je vous aime