Page:Sacher-Masoch - Les Prussiens d’aujourd’hui, 1877.djvu/524

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
114
LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

l’égayer. Elle se leva précipitamment et courut vers le salon, où l’expert disait en ce moment : Une glace à cadre doré, dix florins !

— Vous vous donnez de la peine bien inutilement, messieurs, fit-elle avec moquerie. Le château, le bien, les meubles ne nous appartiennent pas.

La figure des gens de loi s’allongea, et, dans sa surprise, celui qui estimait s’introduisit une prise dans la bouche, au lieu de la mettre dans son nez, d’un beau ton cuivré, parsemé de verrues, comme les chardons rouges.

— Mais vos robes et votre linge sont à vous, madame la baronne, siffla son compagnon, l’œil pétillant à travers les lunettes.

— Certainement.

Julie eut alors tout lieu de pleurer amèrement. On lui prit toutes ses belles robes de velours, ses jupes de soie, ses mantelets, son linge marqué de la couronne à sept pointes, tout ce qu’elle avait. On ne lui laissa que ce qu’elle portait sur elle.

— Oh ! c’est pire que si nous avions été incendiés, s’écria-t-elle plaintivement. Qu’allons-nous devenir ?

— J’ai encore deux cents florins.

— C’est peu ; mais nous travaillerons ; nous gagnerons ce dont nous avons besoin.