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UN MARIAGE À LA MODE

— Bah ! songerais-tu à coudre des chemises pour des étudiants ? Tu veux travailler ; nous ne sommes pas nés pour cela ; nous n’avons pas appris du reste. Tu pourrais donner des leçons de piano et moi des leçons d’équitation ; mais je ne consentirai pas à ce que tu fasses quelque chose pour gagner de l’argent. Nous nous tirerons bientôt d’affaire.

Et ils se tirèrent effectivement d’affaire. Ils louèrent une voiture et se rendirent à la ville tels qu’ils étaient, lui en habit de cheval, elle en robe de chambre, sans chignon, et ils descendirent dans un petit hôtel. Un tailleur offrit aussitôt à M. le baron deux nouveaux costumes, et madame Victorine eut soin que la baronne ne restât pas en robe de chambre ; elle lui envoya deux toilettes de ville complètes, aussi jolies l’une que l’autre, ainsi qu’un paletot de velours, un manteau de théâtre princier et un châle de cachemire. Dans la poche du paletot il y avait une note de plus de seize cents florins à laquelle le couple à la mode ne fit nullement attention.

Le baron et la baronne Keith louèrent les jours suivants le premier étage d’une élégante petite maison de la rue des Princesses, six chambres, douze fenêtres de façade avec un beau balcon, et commencèrent à vivre comme vit une partie de