Page:Sacher-Masoch - Les Prussiens d’aujourd’hui, 1877.djvu/538

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
128
LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

moi aussi, spéculer un peu ; mais personne ne doit rien en savoir. J’ai songé à m’adresser à Rosenzweig ; je préfère me servir de toi, Jean. Tu as déjà de l’expérience, n’est-ce pas ?

— Je suis entièrement à vos ordres, madame.

Valéria commença donc à jouer, et son exemple fut suivi par son domestique, qui mit Steinherz dans la confidence, lui donnant en secret les avis nécessaires.

— A-t-elle des idées, la superbe Milford, la Médée unique ! s’écriait Steinherz chaque fois que Plant lui soufflait une heureuse combinaison, dont il attribuait l’invention à Valéria pour enflammer plus encore le zèle de son agent. Si je pouvais une seule fois parler affaires avec elle ! Quelle femme ! C’est plus qu’une femme, une déesse ! Qu’en pensez-vous, monsieur Jean ?

M. Jean se hâta de répliquer :

— Malheur à vous, monsieur Steinherz, si jamais vous osiez…

— Je n’oserai point, répondit l’agent, frappant sur son gilet de velours avec force. Voici le tombeau où la grande Valéria peut déposer tous ses secrets. Dites-lui bien cela.

Il est aisé de deviner comment l’actrice gagnait toujours, et, en même temps qu’elle, Jean et Steinherz.