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L’AMOUR À LA BOURSE

Le roi venait deux fois par jour chez Valéria. Par lui, elle entendait l’herbe pousser dans toute l’Europe. L’actrice communiquait les nouvelles à Plant, et Plant les transmettait, à son tour, à Steinherz.

Règle générale, ils savaient vingt-quatre heures plus tôt que leurs concurrents s’il y avait hausse ou baisse, et dans leurs spéculations il n’y avait pas pour eux danger de faire fausse route.

Steinherz devint bientôt l’oracle d’une foule de petites gens et un grand homme à la Bourse. Il ne tarda pas à ouvrir un comptoir et se chercha un commis. Un jour, Plant ne fut pas peu surpris de voir installé chez M. Steinherz, en qualité de commis et de galopin, le favori des muses, Gansélès. Sur ses cartes de visite, Gansélès s’intitulait secrétaire, ce qui ne l’empêchait point de cirer les bottes de M. Steinherz et de lacer madame Steinherz.

Un soir Steinherz accourut vers Plant dans la plus grande animation.

— Il y aurait une belle affaire à faire demain avec les actions de la Compagnie mobilière ; mais il faut tenir à l’écart le jeune Finkélès de Finkelstein ; vous le connaissez, monsieur Jean. C’est le banquier de la rue de la Couronne, le gros bonnet de la contre-mine. Parlez-en à la grande