Page:Sacher-Masoch - Les Prussiens d’aujourd’hui, 1877.djvu/554

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
144
LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

Deux mois s’écoulèrent. Wiepert, était déjà très-préoccupé. Enfin Andor lui dit que sa tragédie était finie.

— En vers, naturellement ?

— Sans doute.

— Des iambes ?

Andor fit signe que oui de la tête.

Vint la soirée où Andor un peu honteux prit place à la table supportant une grande lampe et fit la lecture de sa « Messaline » d’une voix d’abord faible, comprimée, puis de plus en plus forte, animée. En outre de Wiepert, de sa femme et de Riva, il y avait le capitaine Gerling, qui frisait sa moustache nonchalamment.

Lorsque Andor eut fini, le comte Riva se leva précipitamment et le serra dans ses bras en lui disant :

— Je ne suis pas un critique ; je devrais me taire ; mais ce que j’éprouve m’entraîne et me fait vous dire que vous êtes un écrivain. Il ne m’est pas possible de décider si les règles sont observées, si les vers sont bons ; mais ce sont là des accessoires ; il y a en vous l’étincelle divine qui éclaire, qui échauffe.

— Moi, murmura l’oncle, j’ai eu froid et puis chaud. Il y a longtemps que pareille chose ne m’était arrivée.