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PARISIENS DE TOUTE SORTE

— Le rôle de Messaline conviendra admirablement à la Belmont, dit madame Wiepert.

Wiepert seul se taisait.

— Vous ne me dites rien ? lui demanda Andor un peu contrarié.

— Hum ! fit le journaliste, votre tragédie vaut tout autant qu’une centaine d’autres ; mais elle n’est pas bonne comme je voudrais. Il y a cent ans, vous auriez peut-être conquis avec votre « Messaline » une place parmi les classiques ; notre époque demande tout autre chose et avec raison. Il est passé le temps de la tragédie dans l’ancien style.

» Tout change avec le temps, la religion, la philosophie, le goût, les mœurs, la morale ; la nature seule ne change pas.

» Aussi n’y a-t-il d’écrivain réellement immortel, c’est-à-dire toujours jeune, nouveau et pouvant être goûté par les générations à venir que celui qui peint fort peu son temps et qui, au lieu de rendre le goût, la manière de penser, la forme de sentiment, la morale d’une certaine époque, ne reproduit que la nature éternelle et surtout la nature humaine.

» Les hommes de Shakespeare sont exactement les mêmes que ceux déjà dépeints avant lui par Homère et Cervantès, et après par Molière, Gœthe,