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L’ÉCOLE DE LA VERTU

dames dont la taille menaçait à chaque instant de descendre au-dessous des hanches, ce qui ne les empêchait point de parler de la persécution de l’Église et de la triste captivité du Saint-Père. Bref, on était entre soi.

Pourtant, il ne se trouvait là personne d’assez honnête pour oser s’écrier : Pourquoi politiquer, moraliser, nous lancer dans l’esthétique ; qu’est-ce pour nous que la patrie, la religion, l’art ? Parlons plutôt de ce qui nous fait plaisir, de nos petites actrices, de nos jolis hussards, de nos chevaux, nos chiens, nos habits et aussi un peu de nos dettes !

On faisait de l’hypocrisie, on jouait la comédie sur ce théâtre privé avec autant de sérieux que si c’eût été devant le peuple.

Le baron Kibitzhausen, ambassadeur allemand à une petite cour quelconque, à Bucharest, Belgrade ou Monaco, grand liseur et même collaborateur de la Gazette de la Croix de Berlin, comme il avait coutume de l’insinuer dans ses moments de faiblesse, parlait de l’atelier de Makart qu’il avait visité en passant à Vienne. Il se complaisait à dépeindre les « erreurs » du grand peintre, et il y mettait ce cynisme qui semble indispensable aux pharisiens quand ils débitent de la morale.

L’impression faite par nos prédicateurs de mo-