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OÙ LES MAJESTÉS SACRIFIENT, ETC.

nouer connaissance avec vous. Je vous avais toujours considéré comme un homme d’esprit.

Un tout jeune homme poitrinaire à grosses mains, à gros pieds, se mit alors au piano pour y exécuter, avec un bruit d’enfer, une fantaisie de Liszt sur un motif de Richard Wagner. Au milieu des gémissements, des hurlements, des grincements de damnés de l’instrument, Hanna fit signe à Plant de la suivre dans la chambre voisine où elle put sans être remarquée prendre place avec lui sur un petit sopha qui se trouvait comme dans un berceau de verdure, encadré qu’il était par des lierres espaliés.

— Je suis bien aise de vous avoir rencontré ici commença Hanna jouant de l’éventail ; en nombreuse compagnie, on peut s’entretenir sans courir le risque d’être remarquée, ce qu’une femme du monde doit toujours chercher à éviter. J’ai une mission à remplir auprès de vous.

Hanna se rapprocha et de ses grands yeux gris parut vouloir lire jusqu’au fond du cœur de Plant ; mais elle perdit son temps.

— Quelqu’un qui a confiance en moi désire avoir un journal à sa disposition.

« Ah ! pensa Plant, la reine ; personne autre. »

— Elle n’a cependant pas l’intention de fonder ou d’acheter un journal ; elle veut au contraire…