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Page:Sacher-Masoch - Les Prussiens d’aujourd’hui, 1877.djvu/71

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NOUS AVIONS MIS SUR PIED SEIZE BANNIERES

Thibaut Darc, ses trois filles et leurs prétendus.

Pendant que l’actrice remplissant le rôle de Jeanne ôte son casque et le remet, pendant qu’elle parle de sa mission divine, comme si elle était inspirée d’en haut, les loges se remplissent, et le bruit dure à l’infini. Les dames font crier leurs robes et donnent à haute voix des ordres à des laquais sans vergogne qui croient de leur devoir de fermer les portes avec force ; les jeunes gens, qui se sont attardés à table, dérangent, pour arriver à leurs stalles, des rangs entiers de messieurs fatigués, et tout cela parce que la représentation est classique et que personne ne veut y manquer. Ne sommes-nous pas un peuple classique, un peuple littéraire ?

La baronne Julie se fait voir avec son père le colonel, en face des dames Rosenzweig, et alors, du geste, des yeux, des lèvres, c’est un va et vient de saluts, juste au moment où Jeanne débite son fameux monologue. En même temps a paru au parquet un joli monsieur qui condamne à le laisser passer sept dames et un respectable personnage ayant l’air d’un vieux militaire. Ce dernier fronce les sourcils ; les dames s’efforcent de sourire. Tout à coup l’une d’elles pousse un petit cri ; le joli monsieur lui a marché sur le pied ; tout le public des loges est en émoi.