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LA NOUVELLE ANADYOMÈNE

Toute rapprochée de la ville qu’était sa nouvelle demeure, il devenait difficile à Andor de lui rendre visite tous les jours comme avant. Il prenait donc de temps en temps, lorsque l’actrice ne jouait pas, un jour de liberté qu’il allait passer avec elle. Valéria semblait alors redevenir sinon tout à fait enfant, du moins une rieuse et innocente jeune fille. Elle qui, d’habitude, ne se trouvait pas satisfaite du luxe le plus raffiné, paraissait en ces occasions heureuse de s’asseoir dans l’herbe avec Andor sur le bord du petit lac, de tresser des couronnes avec les modestes fleurs des champs et de jeter de la mie de pain aux cygnes qui s’avançaient fièrement vers elle.

Une fois, Andor eut le malheur de faire à celle qu’il aimait une visite inattendue. Il avait travaillé jusque très-avant dans la nuit, afin d’avoir à lui la journée du lendemain.

Par une matinée fraîche, superbe, il quitta la ville en suivant de jolis sentiers, le long desquels les blés verts ondulaient au soleil en vagues étincelantes, ou des chemins ombreux à travers bois, il arriva à la villa de sa déesse.

Tandis qu’il approchait de la porte à fers de lance dorés qui servait de grande entrée et que l’amour lui-même semblait avoir forgée, il se demanda s’il ne fallait pas profiter de l’occasion pour