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Page:Sacher-Masoch - Les Prussiens d’aujourd’hui, 1877.djvu/751

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LA MORT N’ÉTAIT PAS INVITÉE

Tout doucement, sur la pointe des pieds, Hanna s’éloigna du berceau de son enfant, de la nourrice qui se croisait les bras sur la poitrine et, plongée dans de sombres réflexions, se mit à arpenter l’enfilade sombre des chambres.

De temps en temps elle s’arrêtait se parlant tout haut à elle-même et donnant à ses paroles plus de force par de brusques mouvements. Sans qu’elle les eût évoqués, elle voyait se dérouler devant ses yeux les souvenirs de sa première jeunesse, de son amour pour Andor, de sa soif de luxe, de jouissance et de son triste mariage.

En mettant à exécution ce qui découlait des pensées qu’elle entretenait, elle se fût décidée ce soir-là à tourner le dos à son mari, au luxe acheté si cher qu’elle partageait avec lui pour reconquérir le bien-aimé à tout prix, même à celui d’une humiliation sans pareille.

Mais elle était femme et elle s’arrêta à un autre projet qu’elle envisagea finalement avec satisfaction et qui lui rendit son calme.

Elle résolut d’enchaîner le roi avec des chaînes indissolubles. Son intention n’était pas de se moquer de lui avec cruauté ; elle se proposait seulement d’enlever à ses faibles mains les rênes du gouvernement.

Elle voulait régner, voir soumis à sa volonté un