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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

grand pays, un peuple cultivé et puis agir avec bonté, noblement. Elle désirait prouver à Andor qu’une femme n’est pas toujours petite, qu’elle peut aussi être grande. Elle voulait faire le sacrifice de son honneur, de son bonheur, pour mettre fin à la misère d’une foule de gens. De sa main forte et douce en même temps, elle introduirait de grandes améliorations. Elle s’occuperait avant tout de faire un sort meilleur aux classes laborieuses, de mettre un frein à la tyrannie des princes de l’argent et des maîtres d’esclaves de fabrique.

Sur cette pente sa pensée s’égarait de plus en plus et, quand le général revint du club, il la retrouva tranquille et gaie.

Dans la matinée du lendemain, elle considéra comme providentielle la visite de la femme du ministre Kronstein, qui venait l’inviter à un thé dansant.

Adroitement la noble dame lui laissa entendre que la petite fête n’avait lieu que sur le désir du roi. La saison des bals de la cour était encore éloignée ; il fallait fournir au souverain l’occasion de s’entretenir avec Hanna. Tout cela fut dit le mieux du monde, sans être dit cependant, et les deux dames se serrèrent les mains avec chaleur, se sourirent, s’accablèrent de gentillesses.