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Page:Sacher-Masoch - Les Prussiens d’aujourd’hui, 1877.djvu/766

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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

petit ange est de nouveau souffrant ; on vous a envoyé chercher ; le médecin…

— C’est assurément sans importance, fit le roi, mon médecin privé ira…

— Non, j’y vais moi-même, répondit Hanna.

— Pas avant d’avoir fait un tour de danse avec moi, ajouta le roi, passant son bras autour de la taille de la femme adorée.

Il la conduisit ainsi dans la salle, et de tout côté on fit place au royal danseur. Le beau couple glissa majestueux sur le parquet. Hanna sentait que tous les regards se fixaient sur elle ; elle les sentait lui trouer la poitrine comme autant de pointes de poignard ; mais elle dansait avec le roi, elle relevait sa belle tête fièrement, d’un air victorieux. Le bras de son danseur semblait vouloir la retenir pour toujours ; tout à coup elle fut en proie à une vive angoisse.

— Laissez-moi, — murmura-t-elle, je veux aller à mon enfant.

Elle sortit précipitamment, s’enveloppa de son manteau et s’élança dans l’escalier, avant que le roi, ou son mari, ou le domestique dans l’antichambre eussent le temps de la suivre, elle avait appelé son cocher elle-même, pris place dans le coupé et la voiture roulait.

Tout ceci s’était passé en quelques minutes et