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UNE FAMILLE COMME IL Y EN A PEU

qui chaque jour ressemble au jour précédent, était un pacha de bureau, un tigre de plume, un impitoyable taxeur de cote personnelle et immobilière ; il pouvait servir de type pour ce qu’on appelle un serviteur de l’État modèle, dans notre Allemagne inondée de paperasses, noircie d’articles de loi, partagée entre des montagnes d’actes et des fleuves d’encre.

La conseillère avait une tête vide de potiron, dans laquelle les prêtres avaient allumé une petite flamme. Hanna était une folle jeune fille avec un cœur comparable à un morceau de silex qui ne donne des étincelles qu’en le frappant fortement, et les enfants gâtés, impolis, sots, avaient peur des spectres, pleuraient s’il arrivait au maître de leur donner un peu plus à apprendre.

De même que toutes les familles dont le chef occupe un certain rang dans la hiérarchie sans fin des mandarins, la famille Teschenberg croyait de son devoir « de vivre selon sa position ». Mais pour atteindre ce but louable, elle se heurtait à un obstacle avéré : les émoluments de conseiller, et le cri de cet obstacle, il fallait l’entendre quand même, comme ce député polonais qui, à chaque occasion, formulait son veto !

Toutefois, des gens d’un certain tact, comme les Teschenberg l’étaient incontestablement, sa-